Comme vous le savez déjà, nous n'avons pas choisi le chemin le plus court pour y arriver. On a du marcher... beaucoup, longtemps et dans la douleur! Mais quelle aventure! Tout d'abord il a fallu choisir une bonne agence. Après avoir passé des heures à comparer les différentes options, on s'est décidé pour Andina Travel.
La veille du départ, nous avons assisté à un petit briefing avec Jorge, notre guide, et le reste du groupe. J'avais parié avec Ciaran qu'on allait passé 5 jours avec un tas de vieux riches américains. Heureusement j'avais tout faux! La plupart des gens avait notre âge. Seul un couple d'écossais approchait la soixantaine. Pendant la réunion, Jorge nous a expliqué l'itinéraire qu'on allait parcourir pendant 5 jours et il nous a donné quelques conseils quant au matériel à emporter avec nous.
Pour être honnête, l'atmosphère était plutôt tendue. Il avait l'air sympa mais il était vraiment impatient. Il a répondu assez sèchement à deux ou trois questions tout à fait légitimes du groupe et il n'a rien fait pour nous mettre à l'aise. Bref on est sorti de là sans vraiment savoir quoi penser de notre 'nouvelle équipe'... de toute façon il était trop tard pour faire demi-tour !
On a passé la soirée à se préparer. (On nous avait donné un gros sac chacun pour empacter tout notre bazar). Contrairement à nos randos précédentes, il n'était pas question de s'inquiéter du poids de nos sacs puisque cette fois ils seraient portés par des mules et des chevaux!
Le lendemain on était debout à 5h30, prêts à vivre ce qu'on espérait être une grande aventure!
Comme notre histoire est plutôt longue, on l'a découpée en plusieurs parties histoire de la rendre un peu plus digeste!
1er jour - De Cusco à Soraypampa
On a donc quitté Cusco très tôt le matin. J'étais plutôt contrariée parce qu'il ne nous restait qu'un appareil photo et qu'il commençait à dérailler! On a roulé pendant 5 ou 6 heures avant d'arriver dans un petit village appelé Marcocasa. Les payasages étaient magnifiques. Une fois descendus du minibus on a fait connaissance avec les mules, les chevaux et les arrieros (porteurs) qui allaient nous accompagner. C'est à ce moment là que notre #!**#!! appareil photo a décidé qu'il ne ferait pas parti du voyage, il a tout simplement refusé de s'ouvrir! Il est resté complètement bloqué. Inutile de dire qu'on était plutôt énervés et frustrés.
Donc en guise de présentation, on a demandé à tous nos nouveaux compagnons randonneurs s'ils accepteraient de nous donner quelques unes de leurs photos une fois le trek terminé. Ils ont tous accepté (il faut dire que j'avais demandé gentillement, une petite larmichette dans le coin de l'oeil!). Ca nous a remonté le moral et on s'est mis en route!
Le premier jour s'est avéré plutôt facile. On a marché seulement 3 km. L'ascension était raide et les paysages incroyables. Plus on s'approchait de notre campement, plus le mont Salkantay (6270m) se faisait impressionnant. Les porteurs ont monté les tentes très vite et les cuisiniers se sont mis aux fourneaux. On a très bien mangé puis on est allé faire une sieste. Il faisait un froid de canard et vers 17h on étaient tous agglutinés autour d'un feu de camp, un thé bien chaud dans les mains, à essayer de faire connaissance les uns avec les autres. A 20h on était de retour dans nos tentes... il n'y a pas grand chose à faire si ce n'est dormir quand on se trouve aussi haut et qu'il fait aussi froid et noir :-) Personne n'a vraiment dormi cette nuit là, il faisait trop froid pour se sentir à l'aise. Même avec un bon sac de couchage c'est difficile de supporter un - 14°!
Dernières photos prises avant que l'appareil ne rende l'âme!
2ème jour - De Soraypampa à Chaullay
On nous avait prévenu que le deuxième jour serait le plus difficile de tous. Les porteurs nous ont réveillés à 6h en nous offrant un thé de coca bien fumant pour nous réchauffer et nous ont annoncé que le petit dèj' serait servi 30mn plus tard. Ils ont également laissé une cuvette d'eau chaude devant l'entrée de la tente pour qu'on fasse notre toilette (merci mais non merci! Par un froid pareil les lingettes ont fait l'affaire!) On a empaqueté nos affaires et on a rejoint le reste de la troupe dans le 'salon'... une grande tente où on avait chacun une chaise autour de la table! (Toutes les photos qui suivent nous ont été gentillement données.)
On avait tous des mines fatiguées et on a mangé notre énorme ration en silence. A 7h on était finalement prêts à partir! La première partie de la journée était vraiment raide et l'altitude n'arrangeait en rien les choses. On en a bavé mais nos efforts ont été récompensés par des vues incroyables du Salkantay et de la vallée environnante. Après quelques heures de souffrance, on a fini par arrivé au sommet. Les locaux et les randonneurs y empilent plein de petites pierres. Ces petits tas sont supposés honorer les dieux des montagnes. On y est donc allé de notre petit caillou! Nous avons aussi posé pour la traditionnelle photo 'on l'a fait' mais malheureusement, à ce jour, nous n'en avons toujours reçu aucun exemplaire A ce moment là on se trouvait quand même à 4600m, un record pour nous!
A partir de là, on a attaqué la descente afin d'atteindre la vallée en contrebas pour y passer la nuit. Les porteurs avaient choisi un site vraiment chouette pour monter les tentes. Il faisait bien plus chaud que la nuit précédente et on a passé la soirée à manger du popcorn devant un feu de camp. On s'est bien marré. Une fois le repas fini tout le monde a regagné sa tente afin d'essayer de dormir un peu.
Avant de passer au récit du 3ème jour, laissez-moi vous présenter notre équipe de choc:
Jorge, notre guide péruvien, sympa mais d'humeur versatile et surtout très impatient.
A. and E., deux soeurs des Bermudes approchant la trentaine.
K., un avocat, originaire de l'île Maurice mais habitant aux Bermudes.
A. and S., un couple grec très sympa dans nos âges.
J. and C., un couple écossais d'une soixantaine d'année tous les deux parlant mieux que moi le français!
Tout le monde semblait s'entendre à peu près bien mais on sentait quelques tensions dans le 'clan bermudien'.
3ème jour - De Chaullay à Playa
Une des bermudiennes s'est réveillée malade, elle en avait déjà bavé pas mal la veille à cause de l'altitude et elle était de mauvais poil. Bref même refrain que les jours précédents, on a pris notre petit déj' et à 7h on était en route. K., Ciaran et moi sommes partis en tête. On a vite pris quelques longueurs d'avance (aucun mérite ça descendait!) Jorge nous avait dit de nous arrêter lorsqu'on arriverait à un pont. Il faisait beau, la descente était facile et j'ai passé mon temps à écouter les ragots de K. en français! :-) Il m'a notamment raconté qu'il était sorti avec l'une des bermudiennes pendant quelques mois et qu'ils avaient rompu avant de partir au Pérou... Les tensions s'expliquaient enfin! On a fini par arriver au pont d'où l'on a donc attendu sagement que le reste du groupe nous rejoigne.
Oui mais voilà 20mn plus tard il n'y avait toujours personne en vue. Ce que vous devez savoir c'est qu'un peu plus haut le chemin se séparait en deux. J'avais dit aux affreux jojos qu'il serait préférable d'attendre là plutôt que de tenter notre chance à l'aveuglette. Ma suggestion n'avait pas été entendue pour la simple et bonne raison qu'on voyait un pont en contrebas...soit (assez bêtement je dois l'admettre) j'ai fini par suivre mes deux compères!
Deux locaux sont finalement passés près de nous et j'en ai profité pour leur demander (dans un espagnol plutôt douteux) où se trouvait le village de Playa. Ils nous ont rapidment confirmé ce qu'on redoutait, à savoit qu'on avait pris le mauvais chemin! On a donc fait demi-tour. C'est à ce moment que ma journée a commencé à devenir extrêmement désagréable. Alors qu'on gravissait la montagne pour rattraper le reste de l'équipe, j'ai réalisé qu'il se passait quelque chose d'anormal (de vraiment anormal!) du côté de mon estomac. Il n'a pas fallu longtemps pour que tout cela prenne une tournure dramatique. Je vous épargnerai évidemment les détails... Disons simplement que les choses ne se déroulaient pas du tout comme je l'aurai souhaité! Fière et digne je continuais à marcher...
La 'bermudienne malade' (je ne mentionne aucun nom pour éviter tout procès :-)) se sentait de plus en plus mal et elle ne s'est pas privée de nous le faire savoir. Résultat elle s'est vu offrir un petit tour sur le 'cheval d'urgence'. Pendant qu'elle se la coulait douce sur le dos du baudet, la clairounette devait, elle, continuer à marcher. Ma journée s'est vite transformée en cauchemar. Je me suis retrouvée à être de plus en plus malade et il n'y avait évidement qu'UN 'cheval d'urgence'! Après quelques heures de calvaire on a fini par s'arrêter pour déjeuner. Je me suis étaler par terre, j'ai décliné l'invitation à manger et j'ai prié pour des jours meilleurs. Apparemment ils n'étaient pas prêts d'arriver... (les jours meilleurs!) J'ai passé le reste de la journée à essayer de mettre un pied devant l'autre (quand je ne m'arrêtais pas pour une urgence) et je suis arrivée au campement, en pleurs, 1 heure après tout le monde. Je me suis précipitée dans notre tente et j'ai passé les douze heures suivantes à essayer de dormir et de récupérer... c'est qu'on avait encore une longue journée devant nous le lendemain! J'en profite pour remercier Ciaran pour sa patience et sa gentillesse. Il a vraiment fait tout ce qu'il était possible de faire pour me venir en aide.
Nous avons donc passé cette journée à marcher dans une vallée subtropicale où nous avons eu la chance de voir différentes variétés d'orchidées, de fleurs sauvages, de colibris, de papillons, de perroquets, de fruits tropicaux, de coca et de café.... et de tout ça je ne me souviens évidemment de rien: ma seule préoccupation était d'arriver jusqu'au campement! Arrrrrgggggggghhhhhhhh!
4ème jour - De Playa à Aguas Calientes
Levé 5h du mat'... Je ne me sentais pas en pleine forme mais j'allais toutefois nettement mieux: je pouvais enfin mangé un peu! On m'a proposé de prendre un bus avec les deux bermudiennes pour me rendre la vie plus facile. (Elles avaient toutes les deux renoncé à finir le trek à pied: l'une parce qu'elle était malade; l'autre parce qu'elle essayait de se remettre d'une nuit trop arrosée!). J'ai décidé de continuer à marcher. Je pensais vraiment que j'allais mieux! Après 10 mn de marche je me suis rendue à l'évidence, je n'allais pas mieux du tout!
Le deuxième jour était sensé être le plus difficile vous vous souvenez? Pfffffff, laissez-moi vous dire que le 4éme était bien pire! On a passé 3 heures à grimper, grimper, grimper! J'étais au bout du rouleau physiquement et psychologiquement! Vers 10h mes prières ont finalement été entendues, nous sommes arrivés au sommet. Et quel sommet! On s'est retrouvé sur un plateau depuis lequel on pouvait apercevoir l'arrière du Machu Picchu au mileu d'autres montagnes voisines. C'était incroyable! La petite madame écossaise m'a regardé et m'a dit: 'Claire tu as l'air d'aller mieux, tu souris à nouveau!'
Le temps était chaud et humide, il n'a pas fallu bien longtemps à nos amis moustiques pour commencer à nous sucer le sang. Les trois heures suivantes se sont révélées difficiles aussi. On descendait enfin mais la pente était abrupte et glissante. Peu importe, j'étais guérie et je pouvais enfin appécier le paysage! On est arrivé en bas de la montagne vers 13h et trois de nos ouailles ont décidé de piquer une tête dans la rivière. Inutile de dire que seuls un péruvien, un écossais et un irlandais peuvent être assez fous pour se geler les fesses gaiement dans une rivière à 10° pendant 15 minutes!
Après cette petite pause, on a repris la route pour nous rendre à Hydroelectrica où on a passé 3 heures à attendre un train pour Aguas Calientes. (C'était bien la peine de se lever à 5h du mat'... non mais franchement!) On était tous exténués et on était impatients d'arriver au village puisque pour la première fois depuis 4 jours on pourrait enfin prendre une douche et dormir dans un lit, un vrai!
Pendant qu'on prenait notre mal en patience en attendant le 'Perurail', j'ai décidé" de faire un petit coucou à mon appareil photo. Je sais: il était K - C!!! Mais bon j'avais toujours espoir qu'un miracle se produise. Malgré mes demandes insistantes pour qu'elle se mette en marche, la sale bête ne voulait bien sûr rien entendre (oui je parle à mon appareil et alors?!) C., le gentil monsieur écossais, me regardait faire de loin. Soudain il me dit :' c'est quoi le problème au juste?' Je lui explique que la chose refuse tout simplement de s'ouvrir. Et l'air de rien il me répond: 'oh vraiment? Je peux essayer quelque chose?' Sous mes yeux ébahis, il se met à tapoter l'appareil dans sa main, comme ça, gentillement et il appuie sur le bouton marche. Croyez-moi ou non, un miracle s'est produit: l'objectif s'est ouvert instantanément! Vous auriez du m'entendre, je courrais dans tous les sens en criant que C. était un héros! J'ai un peu péter les plombs mais pour ma défense je venais de passer 4 jours plutôt intenses. Ciaran et moi pourrions immortaliser notre journée au machu Picchu!!!!! J'étais la plus heureuse du monde...
Le trajet en train était grandiose et les vues magnifiques. On ne peut pas en dire autant d'Aguas Calientes. Ce village existe seulement parce qu'il se trouve en contrebas de l'un des sites les plus visités au monde. Les bâtiments sont moches et les rues dégoulinent de touristes (plein de nous quoi !) Une fois à l'hôtel on s'est tous rués dans nos chambres pour prendre une douche chaude. Que du bonheur! A 19h on se réunisait tous pour aller manger un morceau en ville. Il y a des centaines de restau à Aguas Calientes mais non, Jorge à quand même trouvé le moyen de nous emmener dans l'un des pires! Ca nous a tous beaucoup contrariés. On pense qu'il a choisi cet endroit très cher et insipide parce que:
a. sa soeur (ou un cousin ou un voisin) fait tourner la boutique
b. son repas est offert par la maison quand il ramène de la clientèle étrangère
c. a et b en même temps
C'est vraiment bête parce qu'on avait tous décidé de lui payer son repas. Après ça autant dire qu'on ne voulait plus le remercier de quoi que ce soit. On est tous allé se coucher mécontents! Si on avait su on aurait mangé des cookies dans notre chambre Bref, le meilleur était à venir. On a donc vite mis notre soirée ratée de côté et on s'est assuré que l'appareil était suffisamment chargé! Il fallait qu'on se rattrappe pour toutes les photos que nous n'avions pas pu prendre pendnat toutes la durée du trek!
Ok, vous êtes probablement exténués à l'heure qu'il est. Trop de lecture à votre goût j'imagine?! Soit, je vous laisse le temps de vous en remettre! A très bientôt pour la dernière partie de notre aventure !
Commentaires
1 Manu Le 25/06/2010
Et bien en tous cas je dois saluer ton talent pour le recit car c'est tres rare de pouvoir lire une histoire comme la votre et de s'y croire, de se l'immaginer.
Moi elle me met plein de baume au coeur a chaque nouveau post.
MErci pour tout ca !!!
Manu.